Les trois genins étaient prêts à recevoir leur premier entraînement de leur affinité. Le premier à sortir avec son sensei fut Tsuyosa. Seika le suivit de près avec le sien. C'était un grand type qui semblait se rapprocher plus du gorille que de l'homme. Au moins, il avait l'air gentil.
"Je suis Toro Ani" dit-il.
"Je suis Seika Kosame" murmura presque Seika tant elle était nerveuse.
"Plus fort! Je n'ai rien entendu!"
"SEIKA KOSAME"
Encore un inconnu... Elle devait se reprendre. Elle ne pouvait pas se laisser intimider par tous et chacun. Quoique lui, de par sa stature imposante, était plutôt intimidant. Toro partit d'un gros rire et déposa sa grande main sur l'épaule de la genin.
"Tu ne parles pas fort, mais si tu cris, on t'entend! Ha! Ha! Ha!" dit-il jovialement.
Ils marchèrent jusqu'à l'extérieur et se retrouvère dehors, dans un endroit semblable où elle s'était entraînée avec Kajin et les autres. Elle ne reconnaissait pas le coin, mais elle savait à peu près où ils se trouvaient.
"Très bien maintenant, prend ce parchemin. Il nous indiquera quel ninjutsu tu apprendras." dit Toro.
"Monsieur... je... je sais déjà ce que je veux apprendre." dit doucement Seika qui, maintenant à l'extérieur, se sentait un peu mieux.
"Et qu'est-ce que c'est?" interrogea le gros bonhomme. "Il n'est pas commun pour des jeunes de ton âge de savoir ce qu'ils veulent pratiquer."
"Je veux maîtriser le genjutsu" dit-elle, bien décidée cette fois.
Toro se pencha vers elle et la regarda dans le blanc des yeux. Il la jaugeait. Quelqu'un de si fragile pouvait-il apprendre quelque chose d'aussi retor que le genjutsu?
"Laisse-moi faire, Toro" dit brusquement une voix.
Surgit de nulle part, un autre ninja apparut d'entre les branches d'un arbre. L'interpellése retourna lentement vers l'arrivant, un ninja pas très vieux, à qui on donnerait une vingtaine d'années. Il était l'opposé de Toro. Grand, mince à l'extrême, des yeux de glace... Rien qu'à le voir, Seika réprima un frisson.
"Tu sais très bien que je connais le genjutsu mieux que toi" dit le nouvel arrivant. "Toi, tu ne t'y connais que trop mal."
Il parlait calmement, bien décidé à avoir ce qu'il voulait.
"J'allais vérifier si elle n'aurait pas une autre affinité, Karu..."
"La demoiselle sait ce qu'elle veut, pas vrai?"
Soudainement, il s'était adressé à elle. Il la regardait intensément. Seika fit signe que oui de la tête. Son but premier, c'était le genjutsu. Rien d'autre.
"Bien, dans ce cas je vous laisse."
Toro disparut sans un mot de plus, sans un regard en arrière, mais parfaitement conscient du danger dans lequel la fillette s'était mise. Karu n'était pas du genre patient, ni de genre à plaisanter.
"Commençons, Seika. Tu as intérêt à ne pas me faire perdre mon temps."
Une seconde. C'est le temps que prit Karu pour aggripper la kunoichi à la gorge et l'adosser brutalement à un arbre. Prise de court, Seika peinait à reprendre son souffle. Elle tremblait de tous ses membres.
"Je veux app.. app.. apprendre une tech..nique pou..r l'ex...amen chuunin..."
"Ohh... Tu aurais pu me le dire plus tôt."
Comme s'il ne le savait pas.
"Bien, dans ce cas, Ninpo, kyouka sai" dit-il. "Un tourbillon de fleurs mortelles. Ouvre les yeux."
Il lâcha la fillette qui manqua s'écrouler au sol. Ses jambes plus molles encore que du coton, elle resta cependant debout. Apprendre. Le genjutsu. Son coeur battait de peur, mais aussi d'excitation à l'idée de savoir qu'elle apprendrait un genjutsu.
Karu lui montra une fois les signes lentement, puis une deuxième fois un peu plus rapidement. Ensuite, Seika les fit en même temps que lui. Elle les eût du premier coup. En secret, elle avait lu quelque chose là-dessus et se souvenait des mouvements. Par contre, elle n'avait jamais osé essayer la technique. Un sourire étrange fendit le visage de Karu qui ne dit aucun commentaire. Il pointa du doigt un gros arbre et exécuta rapidement les signes.
"Ninpo, Kyouka Sai."
L'illusion prit instantanément forme, modifiant dans une suite logique le paysage dans lequel ils se trouvaient. Le ciel s'assombrit, comme si la course du jour s'était accélérée. Les arbres en fleur sous lesquels se tenaient Seika et Karu se mirent à perdre les pétales de la floraison. Ceux-ci se mirent à virevolter au rythme d'un vent plutôt étrange. Au début, cela semblait normal, mais au bout d'une trentaine de secondes, les pétales tournaient de plus en plus vite autour de la cible: l'arbre. Puis, fendant l'air de toutes parts, les lames végétales fondirent sur le centenaire. Et ce fut fini.
L'illusion se dissipa aussitôt. L'arbre était écorché partout sur sons tronc et des confettis de feuilles voletaient autour. Pourtant, Seika voyait parfaitement que les pétales de fleurs n'avaient pas bougé de leur place. Les yeux ronds, elle regarda Karu.
"Je n'y suis pas allé trop fort, je ne veux quand même pas détruire la forêt. C'est à ton tour maintenant." dit-il.
Il lança un shuriken qui alla se planter directement dans le tronc de l'arbre blessé. Karu s'installa sur une branche et observait calmement Seika, d'un calme qui signifiait qu'une erreur ne serait pas tolérée.
La kunoichi commença par détendre ses muscles. Sa gorge lui faisait encore mal, mais plus important encore, son coeur semblait battre pour vingt personnes. Encore chancelante, Seika commença par refaire lentement le jutsu, pour être certaine de ne pas se tromper. Elle ne devait en aucun cas faire de faux mouvement, sinon, qui sait ce qui l'attendait. Elle se rappela avoir mille et une fois imaginé la technique, aussi ses mouvements furent-ils plus sûrs.
Elle y alla pour de bon. Elle exécuta les signes et dit: "Ninpo, Kyouka Sai".
Elle sentait peser sur elle une attention presque menaçante, mais ne se laissa pas déconcentrer. Plus lentement que pour Karu, l'illusion prit forme. Un ciel qui s'assombri, des pétales qui se mettent à danser... Seika se concentrait sur sa tâche comme si sa vie en dépendait. Les pétales entourent le shurikens, foncent dessus... L'illusion est terminée.
"Du premier coup. Eh bien, si tu connaissais cette technique, tu aurais pu éviter de me faire perdre mon temps."
C'était aussi chaleureux qu'un blizzard. Pire qu'un coup de fusil. Karu descendit souplement de l'arbre et s'avança vers Seika.
"Je... j'avais déjà lu sur la technique... je... je ne l'avais.. simplement jamais.. jamais... jamais faite."
Seika était aussi pâle que si la mort elle-même venait la chercher.
"Oh, eh bien dans ce cas, on peut pousser un peu plus loin l'entraînement. Si tu te débrouilles en combat réel, je te laisse partir à l'examen. Sinon... on verra" dit Karu sur un ton léger empreint de menace. "Maintenant, attaque-moi."
Prise par surprise et encore terrifiée, Seika ne bougea pas tout de suite. C'est le shuriken qui filait droit vers elle qui la décongela. Aisément, elle l'évita, mais dans sa tête, la panique totale régnait. Elle devait faire la technique.
"Ninpo, Kyo..." commença-t-elle maladroitement.
Elle reçu un coup de poing au visage. Elle s'écrasa au sol. Se releva. Son regard s'était maintenant chargé de braise. Elle en avait asez d'être un jouet. Elle le haïssait... elle en avait peur... Elle ne savait plus. Sa tête ne commandait plus. Nourrie par ses sentiments mélangés, elle obéit aux instincts de son corps. Elle se dissimula dans les arbres, sous les buissons... elle changeait d'endroit et, lorsqu'elle revit apparaître Karu dans son champ de vision, elle n'hésita plus.
"Ninpo, Kyouka Sai!" hurla-t-elle presque, formant en même temps les jutsus.
Karu restait à la regarder, son sourire étrange aux lèvres. Il détaillait la jeune fille qui était si fragile quelques minutes plus tôt, et qui pourrait maintenant peut-être tuer. L'illusion l'enveloppa. Il ne fit rien pour la contrer. Des pétales qui dansent, qui blessent...
Seika se figea lorsqu'elle vit que Karu s'était évanouit dans un nuage de fumée. Un clône...
"En effet, petite, un clône."
Il était là, derrière elle! Le coup partit seul. Un coup de pied canalisant toutes les forces de Seika. Karu l'arrêta aisément et fit tomber la fillette de l'arbre. Avant qu'elle ne touche le sol, il était en bas, et il l'avait rattrapée.
"Tu peux aller à l'examen maintenant."
Il disparut comme il était venu.
Seika se mit en direction de la salle d'examen, hagarde. Lentement, elle reprit contenance. Elle essuya le sang qui coulait de sa bouche, épousseta ses vêtements et chassa la peur de son visage. Pourtant, son coeur en était encore terrifé autant que sa tête. Si elle avait survécut à ça, elle passerait l'exament. C'était ce qu'elle se disait, une nouvelle volonté de fer habitant maintenant tout son être.